Dans la rue des Millionnaires, il y avait autrefois une beurrerie qui a appartenu à plusieurs propriétaires au cours de l’histoire. Celle qui a marqué le plus le site est celle de la famille Raymond Lebeau et Malvina Harbec.
La rue des Millionnaires était l’entrée menant à la beurrerie. À l’époque, il n’y avait pas de camionneur qui ramassait le lait dans les fermes et les cultivateurs devaient venir porter leurs bidons de lait avec leur voiture à cheval. L’entrée était étroite et se terminait en impasse à l’édifice de la beurrerie sis près de la rivière (la rue des Érables n’existait pas à l’époque). Les agriculteurs devaient attendre leur tour, en ligne, l’un derrière l’autre pour pouvoir décharger le contenu de leurs bidons de lait et ils faisaient savoir leur mécontentement à attendre ainsi en ligne pendant des heures. En maugréant, ils disaient « on a l’air de beaux millionnaires qui n’ont rien d’autre à faire que de jaser et attendre, mais, pendant ce temps, notre travail à la ferme ne se fait pas.
C’est ainsi qu’est né le nom de la rue des Millionnaires, qui est demeuré jusqu’à nos jours et qui fait partie du patrimoine brigidien.
On ne sait pas exactement depuis quand a existé la beurrerie. C’est sûrement au cours du XIXe siècle et elle a définitivement fermé ses portes en 1947. Cette beurrerie que l’on voit sur la photo, datant de la période 1910-1914, à l’arrière du char allégorique de la Société du patrimoine de Ste-Brigide.
Sur le char, on peut voir des instruments de la vie quotidienne de cette époque qui se rapporte au lait. Le support à bidons, le séparateur à lait pour faire de la crème, des pintes de lait (une pinte équivaut à 1.14 litre ou 40 onces). La demi-pinte s’appelait chopine, la demi-chopine, c’était le demiard et le demi-demiard, c’était la roquille. La pinte servait pour le lait, la chopine et le demiard pour la crème et la roquille, pour le yogourt.
Texte de Claude Neveu et photographie de Rita Boulais.