Les livres d’histoire nous rappellent qu’il y avait jadis dans notre pays des moulins à farine dans presque toutes les seigneuries. C’était à l’époque où l’on faisait le pain à domicile dans des fours de pierres et de ciment. Sainte-Brigide a eu, elle aussi, son moulin à farine. Il était situé dans un coin de la municipalité qu’on appelait à l’époque Honoréville, là où se croisent le rang de la Rivière-Est et le rang des Écossais, tout près de la rivière, qui, harnachée à cette fin, fournissait l’énergie hydraulique pour faire tourner la grosse meule. Ce moulin a dû être construit au temps du moulin à scie dont il partageait le complexe.
En effet, dès 1814, lors du contrat de bail du seigneur Johnson au sieur Louis Valin, il est mentionné : « Se réserve le dit Bailleur le droit s’il jugeoit convenable de faire bâtir sur des terrains ci-baillé un moulin à eau pour y moudre du grain… pourvu que telle bâtisse ne puisse causer aucun dommage au dit preneur et aussi le droit de se servir de la Dame qui sera construite… » Il récidive en 1825 envers Philo Fairchild «…en outre le droit au dit preneur de pouvoir durant le dit temps, bâtir à ses propres frais, un autre moulin sur la dite rivière pour en jouir comme bon lui semblera ».
Ce moulin avait peut-être l’apparence de celui que l’on peut voir dans la photo ci-bas.
Ce moulin était sis sur le lot 238. Ci-après la petite histoire de ce lot.
Avant 1881, John Bourque en était propriétaire avec moulin à farine.
Le 28 février 1881, le shérif Charles Nolin : vente avec moulin à farine à Mary-Ann Comerford $300.00.
Le 24 mars 1882, Mary-Ann Comerford : vente avec moulin à farine à Nazaire Fournier, meunier $500.00.
Le 30 mai 1885, Nazaire Fournier : rétrocession à Mary-Ann Comerford.
Le 4 août 1885, Mary-Ann Comerford : vente avec moulin à farine à Luc Demers, $275.00.
Le 20 novembre 1906, Luc Demers : vente à Henri Martel.
Le 14 avril 1948, Henri Martel : vente à Paul-Émile Martel.
Le 5 décembre 1953, Paul-Émile Martel : dépôt à G. H. Larose.
Le 20 juillet 1973, Yvonne St-Pierre Larose : vente à Guy Leduc.
Le 21 juin 1985, Guy Leduc : vente à la succession, Larose et Lise Guertin.
Lorsque Mary-Ann Comerford acquiert le lot 238 par la vente du shérif en 1881, celui-ci mentionne « avec un moulin à farine sus érigé ». Il vend également « en un seul et même lot » un deuxième lopin de terre au côté ouest de la rivière Sud-Ouest « de la contenance de deux arpents en superficie… tenant au Nord, au Sud et à l’Ouest à Louis et Michel Brouillette, avec le pouvoir d’eau, circonstances et dépendances »; il s’agit sans doute du pouvoir d’eau du moulin à scie.
Le 24 mars 1882, par son procureur, Paul Bissonnette, hôtelier de Sainte-Brigide, par devant le notaire C. Lamarre, Mary-Ann Comerford vend le lot 238 à Narcisse Fournier, meunier de Farnham « avec un moulin à farine dessus construit… compris dans la présente vente tous les droits et privilèges attachés au moulin sus érigé… à la charge de plus de latter et plastrer le moulin érigé sur le dit terrain dans le cours de l’été prochain et de faire le plancher de haut dans le dit moulin dans le même temps, le tout à ses propres frais ».
Le 4 août 1885, Luc Demers, propriétaire du lot 239 enclavé dans le lot 238, acquérait de Mary-Ann Comerford « un lopin de terre du côté Est de la rivière Sud-Ouest de Ste-Brigide connu sous le no. 238 avec les bâtisses dessus construites et tous les droits attachés au moulin à farine qui est aussi cédé… » Le 20 novembre 1906, lorsque Luc Demers vend le lot à Henri Martel, il n’y a plus mention du moulin à farine. On peut penser que Luc Demers l’a démoli… Henri Martel est l’arrière-grand-père de Colombe Martel.
Colombe Martel et Luc Lewis