La pandémie qui sévit actuellement rappelle à la mémoire celle de la grippe espagnole de 1918.
Cette dernière fait, en quelques mois, plus de victimes que la Première Guerre mondiale en quatre années de batailles. Elle provoque entre 20 et 40 millions de morts, alors que la guerre fauche 10 millions de soldats. Au Canada, 50,000 personnes en meurent, dont 14,000 au Québec, province la plus touchée. La grippe tue en majorité les adultes en bonne santé, moins de trois jours après l’apparition des premiers symptômes. Certains sont terrassés en 24 heures et meurent de détresse respiratoire.
Au Québec, à partir du 8 octobre 1918, les théâtres, les écoles, les cinémas, les salles de danse et autres lieux publics ferment jusqu’à nouvel ordre. Cette disposition entre en vigueur immédiatement. Seules les églises restent ouvertes…
La panique s’installe. Les services commencent à faire défaut lorsque les employés succombent au virus, ou qu’ils refusent de se rendre au travail.
L’archevêque de Montréal lance un appel aux citoyens: « Avant tout, recourons à la prière. Supplions le Seigneur d’épargner notre cité et notre pays. Recourons à la Vierge Marie, Notre-Dame-de-Bon-Secours, et disons fidèlement le chapelet à cette intention. »
La mémoire orale locale cite l’exemple de la famille Tessier dont six des huit enfants ont été emportés par le virus de cette grippe. Un tel drame a, sans aucun doute, secoué la communauté entière de Sainte-Brigide.
Et puis… plus rien! La grippe espagnole disparaît subitement. Dans les églises, on entonne le « Te Deum »; la prière a vaincu le virus!
Par ailleurs, en 1919, le Canada entre en récession. Alexandre Taschereau, premier ministre du Québec, prône le libéralisme qui met l’accent sur le développement économique tandis que le nationalisme québécois soutenu par le clergé (Lionel Groulx étant la tête de proue de cette idéologie) insiste sur l’importance de la famille et défend l’agriculture comme fondement de l’économie. Et c’est la grande dépression de 1929.
La grande crise de 1929 provoque une diminution de 11 % du salaire moyen, faisant passer celui-ci à environ 850 $ par année en 1930. Villes et campagnes subissent les effets de ce krach financier. Les « anciens de la place » s’en souviennent. On parlait de misère noire. Les gens se sont serré la ceinture durant la décennie qui a suivi.
Sur le plan national, entendons dans la province de Québec, un autre drame collectif a lieu, au su et au vu de tous, y compris les autorités gouvernementales, tant sur le plan provincial que sur celui fédéral, sans interventions de leur part, il s’agit de l’émigration de milliers de Québécois aux États-Unis. Sainte-Brigide n’est pas exemptée de ce fléau; elle a contribué à peupler son voisin du sud de familles qui, pour la plupart, ont fait partie du « melting pot » américain. On parle des familles Martel, Bonvouloir, Papineau, Viens et autres.
Luc Lewis. Sources : Victor Bonvouloir. Internet. Août 2021.