Le 29 août 1968, les marguilliers s’étaient réunis au presbytère, convoqués par téléphone par le curé. Le sujet principal était la révision budgétaire de la fabrique de Sainte-Brigide : la suppression de quelques fêtes religieuses obligatoires avait diminué l’assistance des fidèles à l’église et, par conséquent, déséquilibré le budget. Également à l’ordre du jour, on peut lire la peinture du presbytère et de la maison du sacristain, et les toilettes à l’église. Ce fut lors des délibérations sur ces sujets que les marguilliers ont pris conscience de la menace qui pesait sur la municipalité de Sainte-Brigide : « Quant à la maison du sacristain et du presbytère, il fut décidé d’attendre encore puisqu’il est question qu’un aéroport international qui s’installerait peut-être ici, s’il faut en croire la rumeur, amènerait éventuellement la suppression du village. Pour les mêmes raisons, on remet à plus tard l’installation des toilettes dans l’église. » D’où a surgi cette rumeur ?
Au cours des années d’après-guerre, Dorval était devenu l’aéroport le plus fréquenté du pays. Il était un point d’escale important pour les vols transcontinentaux jusqu’aux années 1960, à une époque où les vols plus longs devenaient désormais possibles.
Pourquoi à Farnham, car, en vérité, c’était de cette municipalité dont il était question dans ce qui circulait dans la rumeur ? Le gouvernement fédéral, plus précisément le ministère de la Défense nationale, était déjà propriétaire d’un immense terrain de 17 milles carrés ou 10,800 acres. Or, selon le gérant de l’aéroport de Dorval, M. J.-A. Goulet, les nouveaux aéroports internationaux devraient avoir une superficie d’au moins 10,000 acres. L’aéroport de Dorval n’avait qu’une étendue de 3,600 acres.
L’espace de terrain dont le fédéral était déjà propriétaire à Farnham était donc triple. Dans les années 1960, il y a eu un projet de faire un aéroport international sur cet emplacement de la base militaire; le projet fut abandonné, et on opta pour Mirabel, ce qui a donné naissance à l’aéroport international Montréal-Mirabel.
La logique populaire avait probablement conclu que l’éventuel aéroport international grugerait sur le territoire de Sainte-Brigide au point de l’absorber dans sa totalité, d’où la suppression de ce petit village, de sa paroisse et de son église. Les marguilliers imaginaient déjà perdre leur fonction. Voilà pourquoi le 29 août 1968, les marguilliers de la fabrique de Sainte-Brigide, réunis dans le presbytère autour de leur curé, décidèrent de reporter la peinture du presbytère et de la maison du sacristain, et l’installation des toilettes dans l’église.
Luc Lewis. Sources : procès-verbaux de la fabrique. Internet.
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