Dans les municipalités rurales, il fut un temps où il n’y avait pas de trottoirs. Puis il y en eut dans toutes les rues du village.
Maintenant on fait de nouvelles rues sans trottoir. Autres temps, autres mœurs ! Quand la municipalité de Sainte-Brigide eut-elle ses trottoirs ? Peut-être pas une question existentielle, mais d’intérêt historique pour quiconque s’intéresse à son village. Au temps où Eusèbe Goineau était maire de la municipalité, à une assemblée du conseil municipal, obligation fut faite aux conseillers de lire une pétition des gens du village. Les minutes de cette assemblée rapportent les faits ainsi : « Lecture est faite à ce conseil d’une requête du premier mai courant signée par les propriétaires du village de cette paroisse demandant la passation par ce conseil d’un règlement pour avoir des trottoirs dans le dit village et après avoir entendu les intéressés présents, proposé par Alphonse Ménard secondé (sic) par Honoré Dubuc et adopté unanimement que ce conseil soit ajourné pour une demi-heure afin de pouvoir se consulter. Et à la reprise de la séance après une demi-heure, tous les conseillers étant présents, après avoir de nouveau entendu les intéressés présents au sujet de la passation d’un règlement ; proposé par Joseph Laroche secondé par Honoré Dubuc et résolu unanimement que le secrétaire-trésorier soit autorisé à préparer une formule de règlement sur le sujet du trottoir dans le dit village. »
Le 14 avril 1899, les conseillers sont revenus sur le sujet des trottoirs. « Attendu que le printemps, à cause de la fonte des neiges et l’automne à cause des pluies fréquentes, les rues du village de la dite paroisse de Ste-Brigide sont presque impraticables, il conviendrait qu’il y aurait des trottoirs convenables sur lesquels le public puisse aller et venir sûrement, et que la (illisible) des propriétaires du dit village a demandé par la requête du premier mai courant à l’adresse de ce conseil la passation d’un règlement pour obliger les propriétaires d’emplacement du dit village à faire et entretenir vis-à-vis leur propriété des trottoirs convenables pour l’usage du public. Proposé par Joseph Laroche secondé par M. Émile Lemaire et adopté unanimement qu’il soit résolu par règlement par ce conseil comme suit :
1e Qu’il soit fait d’ici le premier d’août prochain (1990) sur le côté nord du chemin public du dit village depuis la dite maison de Joseph Nadeau (no 162 du cadastre) jusqu’à l’emplacement de Eugène Lemaire… (suit le plan d’installation des trottoirs dans le même style que la phrase précédente). (…)
4e Que les trottoirs ordonnés par le présent conseil seront faits sous la surveillance d’un officier nommé par ce conseil et réparti (sic) ainsi que les frais, pour la partie sur le chemin public du dit village suivant la longueur du trottoir vis-à-vis chaque emplacement, et pour les autres rues tel que ci-dessus mentionné.
Proposé par M. Émile Lemaire que la somme de deux cents piastres ($200) soit payée par ce conseil pour aider à la construction des trottoirs ordonnés par le règlement ci-dessus.
Proposé en amendement par Joseph Laroche que la somme de cent piastres ($100) seulement soit payée par ce conseil pour aider à la construction des dits trottoirs ; cette motion étant secondée par Luc Demers, la motion principale n’étant pas secondée, la motion en amendement est adoptée. Trente-trois mots rayés seuls. » Signé Eusèbe Goineau, maire.
Luc Lewis. Sources : procès-verbaux de la municipalité de Sainte-Brigide. Août 2015. Photo : Société du patrimoine de Sainte-Brigide.