Nul n’ignore qu’au Québec les élections font saliver bien du monde, couler beaucoup d’encre et éjecter dans les réseaux sociaux une nuée de textos. Ce phénomène parait aussi vieux que l’Antiquité, depuis que le peuple est appelé aux urnes. Les Grecs du temps de Démosthène et les Romains du temps de Cicéron ont produit des modèles de discours dont nos candidats auraient avantage à s’inspirer quant à la forme ; pour ce qui est du fond, rien de nouveau…
Quittons l’Antiquité et explorons un temps plus près de nous, celui de nos grands-parents. L’Église était omniprésente, elle voulait tout contrôler, même ce qui se passait dans le lit conjugal aux dires de certains et de certaines… Il ne faut donc pas s’étonner qu’en temps d’élection, elle ne se contentait pas de voir passer bêtement le train comme une vache qui a le bonheur de paitre dans un pré près des rails du CN.
Mais, lors des élections, l’Église s’avançait sur un terrain aux mille pièges. Ses dirigeants savaient que les élections n’étaient pas leurs affaires. Le civil, c’est le civil et le religieux, c’est le religieux. Par contre, la morale était son domaine, pour ne pas dire son domaine privilégié. Et sur ce sujet, elle n’acceptait aucune objection. Les commandements de Dieu et les siens, elle les connaissait et veillait à leur respect. Ce fut donc sous cet angle qu’elle s’évertuait à influer sur le sort des représentants du peuple. Elle avait ses critères, ses barèmes, ses préférences, etc. Mais la prudence lui dictait de « jouer » par la bande, les électeurs étaient ses fidèles, payeurs de dîmes…
Dans un article titré « 33 points sur les élections », un certain André Guay y va de sa prose moralisatrice : « Les élections fédérales, provinciales et même municipales sont toujours une occasion d’agitations politiques diverses et bien souvent aussi, malheureusement, l’occasion d’une ruine spirituelle pour un très grand nombre. C’est qu’à cette occasion, tant de fautes se commettent et de toute sorte de manières et sous toutes sortes de prétextes qu’il est vraiment pénible pour ceux qui ont à cœur le bien tant spirituel que temporel de leur patrie de voir un tel spectacle se dérouler sous leurs yeux. »
À titre d’exemples, nous citons quelques « points » qui nous semblent donner le ton au texte cité.
« On ne doit pas voter pour un candidat dont le programme est contraire aux enseignements de l’Église. »
« L’intempérance est toujours un péché. Mais elle est particulièrement grave en temps d’élection. »
« Ceux qui font les élections par le moyen de l’intempérance pèchent gravement. »
« C’est une faute grave de se servir de violence, de menaces, de fausses promesses ou de mensonges pour empêcher quelqu’un de voter. »
« Les péchés graves commis pendant les élections doivent, comme les autres, être accusés en confession, et il faut les regretter et vouloir en réparer les suites pour pouvoir recevoir l’absolution. »
S’il en était ainsi de nos jours, avec la rareté des curés, certains députés provinciaux, fédéraux et élus municipaux iraient directement en enfer, faute de pouvoir se confesser, et ils y seraient aussi nombreux que les petits poissons des chenaux de Sainte-Anne-de-la-Pérade…
Luc Lewis. Source : Fonds Paroisse de Sainte-Brigide. Société du patrimoine de Sainte-Brigide. Avril 2017.
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