Il n’est pas surprenant de lire dans les Minutes du conseil municipal des résolutions concernant l’entretien des routes de la municipalité surtout, aux époques où ces dernières n’étaient pas asphaltées. Il fallait presque chaque année les niveler et les « graveler ». Cependant, il est étonnant de constater que le conseil municipal avait des préoccupations d’ordre toponymique. La toponymie est la partie de l’onomastique qui étudie les noms de lieux, leur origine, leurs rapports avec la langue parlée actuellement ou avec des langues disparues. C’est aussi l’ensemble des noms de lieux d’une région, d’une langue.
Nous n’en voulons pour preuve de l’intérêt du conseil municipal pour une telle science que les quelques extraits suivants tirés des Minutes du conseil municipal. En premier lieu, c’est le nom de la municipalité qui chicotent les neurones des membres du conseil.
En effet, à la réunion du 3 février 1986, il est « proposé par Mme Miszscak
appuyé par Jean-Paul Lasnier et résolu de demander au comité provincial de toponymie la permission de revenir à l’ancien nom de Ste-Brigide-de-Monnoir plutôt que de Ste-Brigide-d’Iberville. »
Il serait fort intéressant de connaître les motifs qui ont amené les membres du conseil à formuler une telle résolution. Voulaient-ils, ces conseillers, retourner aux sources puisque, effectivement, la municipalité s’était déjà nommée Sainte-Brigide-de-Monnoir, ayant déjà fait partie de la seigneurie de ce nom, avant l’abolition de cette dernière en 1854 ?
Et les Minutes du conseil nous étonnent de par la réponse donnée par les fonctionnaires de Québec comme en font foi les lignes suivantes, en date du 4 août 1985. « La commission de Toponymie nous avise qu’elle est favorable à ce que la municipalité de Ste-Brigide d’Iberville retourne à son ancienne appellation de Ste-Brigide-de-Monnoir. »
Pourquoi le conseil n’a-t-il pas donné suite à cette autorisation ? Mystère ! Faut-il s’en réjouir ? Faut-il s’en désoler ?
Deux autres sujets d’intérêt toponymique du conseil : le nom de la gare sur le 8e Rang et celui du 9e Rang.
Le 2 mars 1931, il fut « proposé par le conseiller Théodore Ponton secondé par Arthur Rainville et résolu que demande soit faite par le conseil municipal de Ste-Brigide à la Compagnie du chemin de fer Canadien National concernant le nom de la station sur le chemin de la 8ième Concession qu’au lieu de McGennis ( ?) le nom soit Ste.Brigide Station. » Notons que la suggestion du nom de la station ne brille pas par sa tournure française. On ignore la réponse du Canadien national.
Lors de la même réunion : « Que les billets des voyageurs ou toutes autres marchandises portent le nom de Ste.Brigide Station et soient à prix fixe suivant la distance de toutes autres stations. Et en ce qui concerne la Station de la 9ième Concession au lieu de Ménard Ville le nom soit simplement Ste. Brigide. »
Le 5 mai 1930, on lit dans le procès-verbal l’étrange résolution suivante : « Proposé par le conseiller Rémi Boulais secondé par Théodore Ponton que le secrétaire soit autorisé d’écrire au Conseil municipal de la paroisse et de la ville de Farnham de bien vouloir coopérer avec le conseil municipal de Ste-Brigide pour changer le nom de la route en donnant le nom Montréal New-Port. » Il est logique de présumer qu’il s’agit de la Route 104. Cela se passait au temps où Émile Bonvouloir était maire et Alex Giroux, secrétaire-trésorier.
Enfin, il n’y a pas belle lurette que le conseil municipal a modifié le nom de la rue de l’Hôtel-de-Ville pour celui de la rue de la Forge.
Luc Lewis, Sources : Procès-verbaux de la municipalité de Sainte-Brigide-d’Iberville. Juillet 2015.