Nous sommes portés à idéaliser nos ancêtres, mais ils n’étaient pas tous des angelots… Mon ancêtre maternel, François Tanguay, a « donné du fil à retordre » aux conseillers de la municipalité de Sainte-Brigide où il a pris en 1846 un lot de défricheur dans la 9e Concession, le long du chemin de descente entre la 8e et la 9e Concession : les Nos 121-
122. François était cultivateur, mais aussi huissier, crieur et inspecteur du district No. 5 (un côté de la rivière Sud-Ouest et les chemins du Lac) jusqu’en 1861. Dès 1863, la municipalité de Sainte-Brigide le poursuit pour taxes non payées.
En 1876, il est nommé inspecteur agraire de l’arrondissement no 1 de Sainte-Brigide; il s’acquitte très bien de sa tâche, mais refuse de rendre des comptes. À l’assemblée du Conseil du 5 mars 1877, on mandate le secrétaire- trésorier à le contraindre de fournir un état détaillé de ce qui est dû à chaque personne qui a travaillé pour lui dans les travaux des rangs Wood & Byrns. À l’assemblée du 5 juillet suivant, il est décidé que le maire le poursuive pour négligence de son devoir. On revient à la charge le 1er octobre, car il a refusé d’obtempérer… une vraie « tête de cochon »! En janvier 1878, il est remplacé à sa charge. Le 4 novembre, les conseillers exaspérés proposent de payer les personnes qui ont travaillé pour François sur la terre d’Alexis Guillet le montant de leur compte moins 15%.
Vous vous rappelez le personnage de Jacob Salvail dans la série Le Survenant (1954-1960), interprété par Georges Bouvier? Il donne une bonne idée de la personnalité de François… Georges descend des Tanguay par sa mère Georgina, fille de Ludger Tanguay qui était le frère de François.
Le lot 122 est vendu par le shérif le 20 octobre 1880 et est acquis par Rémi Poulin, commerçant de Saint-Louis, Missouri, USA. Le 11 novembre 1880, le shérif Charles Nolin adjuge le lot 121, de 3 X 28 arpents, à William Reid. Dans quel pétrin s’est encore placé notre garnement pour ainsi perdre ses deux terres? Lui qui était huissier…
En 1881, François, son épouse Virginie Archambault et leurs quatre derniers enfants migrent aux États-Unis. Ils s’établissent sur la rue Brown à Westbrook, Maine. Leur fils cadet Arsène y a fait ses études. François y est décédé en 1883.
Ne craignez surtout pas de vous réclamer de la descendance de François … Sous son sale caractère, se cache un être sensible qui se dévoue pour les siens, un travailleur acharné et minutieux. Les Tétreault, Decormier, Sicard, Thuot descendent de lui. Seuls les Tétreault sont restés au Québec.
Colombe Martel, avril 2020
Source : À la recherche du temps passé… pour que rien ne se perde, Colombe Martel 2004