Il y avait jadis une croix, une belle croix de chemin, sur le rang de la Rivière ouest. C’était une croix en bois peint en blanc plantée dans une solide base de ciment. Sur elle étaient fixés les instruments de la torture: une lance, une échelle et une grande couronne d’épines, accrochée à l’axe des deux barres, protégeant un cœur de couleur rouge. Sur la branche horizontale étaient fixés un ostensoir, un calice et autres objets non identifiés. Les extrémités de ses branches tendaient des fleurs de lys. Dans sa partie inférieure, on pouvait voir une statuette enfermée dans une petite niche.
La première photographie montre cette croix. Celle-ci aurait été construite par Isaïe Loiselle.
Six personnes se laissèrent photographier au pied de la croix : le grand Duteau, Gédéon ou Arsène Tanguay, Mme Hormisdas Tétreault (Célanise Loiselle), Hormisdas Tétreault, Dorilla ?, Rémi Tanguay.
Elle était située dans le coin du terrain où était l’école de rang. Derrière, au fond du terrain, se dressait la remise de l’école. Quand cette école a fermé ses portes parce que la Commission scolaire avait construit une école centrale au village et avait vendu le terrain à Michael Raskovsky, la croix a été déménagée sur le terrain de l’autre bord du chemin. Elle a donc traversé le rang pour se retrouver sur la ferme du 1024, rang de la Rivière ouest, qui était alors la propriété de Jos Bellavance.
La seconde photographie montre cette croix avec quelques modifications apportées à la première, dont un nouvel arrangement d’arbustes et de fleurs à sa base et un nouveau cercle lumineux entourant la couronne d’épines. Cette couronne fut l’œuvre de Jean-Paul Bonneau. On dit que c’était la Coopérative d’électricité de Saint-Mathias-de-Rouville qui défrayait le coût de l’électricité, selon les rumeurs brigidienne. Elle était belle, cette croix, avec sa couronne illuminée qui attirait l’attention des voyageurs la noirceur venue.
Derrière, on voit les bâtiments de la ferme où la nouvelle croix fut érigée. On croit que la croix fut démantelée au temps où la ferme appartenait à Joël Lebreton. Maintenant (2013), elle appartient à Jacques Boutin.
La croix a connu une belle période de sa vie de croix. Les propriétaires y apportaient un grand soin : tous les printemps, ils la lavaient, la peinturaient, l’entouraient de fleurs et d’arbustes.
Cependant, elle a connu les intempéries et l’usure du temps. Il lui a fallu faire face à la réalité, elle avait vécu ce que vivent les croix de chemin – quand on cesse de les entretenir – l’espace de quelques générations.
Luc Lewis, juillet 2013.
La Société du patrimoine remercie Mme Colombe Martel, notamment pour ses photos, et M. Jean-Guy Bellavance pour leur collaboration dans la rédaction de ce texte.
Errata : Dans les Minutes du patrimoine de juin, Une école centrale pour Sainte-Brigide, il est écrit à l’avant-dernier paragraphe « M. Édouard Brisson »,, il faut lire « Madame Édouard Brisson » (Cécile Brisson, de son nom de fille).
Dans les Minutes du patrimoine de mars, La forge de Floribert Trinque, dans le troisième paragraphe, il faut lire « la Montée des Écossais », et non «le rang des Écossais ».