« Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver », chante Gilles Vigneault. Si on se demande, de nos jours, si cela est toujours vrai, nos grands-parents ne se posaient pas la question. En leur temps, l’hiver, c’était l’hiver. Point à la ligne! Point n’est besoin de démontrer qu’une tempête de neige, fût-elle timide, cause des ennuis aux voyageurs. Et cela malgré les énergiques déploiements de déneigement effectués à coups de chasse-neiges, de souffleuses, de grattes, etc. Une « bonne » tempête, au temps des chevaux, ne facilitait pas les voyagements non plus. Comment voyageaient nos ancêtres à l’ère préautomobile quand les chevaux étaient les seuls moyens de transport si on exclut les raquettes, les skis et les mocassins? Comment entretenait-on les chemins?
Dans les villes, par exemple, « le déneigement était effectué à l’aide de pelles et de pioches lors de corvées où toute la population s’entraidait pour déblayer les chemins. La neige était chargée dans des sortes de traîneaux tirés par des chevaux, et ceux-ci la transportaient dans des endroits conçus pour contenir toute cette neige. Ce qui restait sur la route était piétiné. Les habitants ne pouvaient vaquer à leurs occupations quotidiennes tant que le déneigement n’était pas fini, car cette corvée de déneigement était obligatoire. À la fin du XIXe siècle, dans les grandes villes comme Montréal, ce sont des ouvriers engagés qui réalisaient ce travail ».
Dans les campagnes, on voit mal les contribuables déblayer les rangs à la pelle. Les cultivateurs devaient se débrouiller pour rendre praticable leur bout de route. Avant que le déneigement des routes ait pris le tournant mécanique avec les chasse-neiges et les souffleuses, on utilisait les chevaux pour cette tâche. Les chevaux tiraient une sleigh trainant une charrue et traçaient une première tranchée, il restait à damer le reste de la neige avec un rouleau. Il existait aussi la « pelle à neige » tirée par les chevaux comme le montre la photo ci-haut; elle servait à déneiger des espaces restreints comme une cour.
À Sainte-Brigide, il fallut attendre l’année 1951, sous le mandat du maire Floribert Trinque, pour que la municipalité se dotât d’une politique concernant l’entretien des chemins d’hiver, et ce ne fut qu’en décembre 1962 que le premier contrat de déneigement de la neige dans la municipalité fut accordé. Les automobiles avaient, depuis quelques années, envahi les chemins.
Luc Lewis. Sources : Yves Laberge. La voirie et les chemins d’hiver 1928 – les premiers essais. Cap Diamant. 21 décembre 2017, et les procès-verbaux de la municipalité de Sainte-Brigide. Décembre 2018.