La lecture des documents d’archives conduit parfois le lecteur dans un monde qui lui fait se poser la question suivante : « Qu’est-ce que c’est que ça ? » Nous n’en voulons pour preuve que cette missive que le surintendant du département de l’Instruction publique (ancêtre du ministère de l’Éducation) adresse à M. Legault, secrétaire-trésorier de la Commission scolaire de Sainte-Brigide : « Monsieur, vu la recommandation de Sa Grandeur Mgr l’évêque de St- Hyacinthe que vous m’avez transmise avec votre lettre du 21 décembre courant, j’autorise MM. les Commissaires d’école de votre municipalité à engager Mlle Clarinda Bissonnette pour tenir une de vos écoles pendant l’année 1891-92. J’ai l’honneur d’être Votre obéissant serviteur, Gédéon Ouimet. Surintendant. »
Que vient faire l’évêque dans les affaires des écoles de Sainte-Brigide ? La raison d’être de cette lettre découle d’une décision prise par le département de l’Instruction publique que le signataire de la lettre précédente fait parvenir à titre de « Circulaire aux Commissions et Syndics d’écoles », et qui se lit comme suit : « Monsieur, J’ai l’honneur de vous informer qu’à sa séance du 25 septembre dernier (1890), le comité catholique du Conseil de l’Instruction publique a adopté la résolution qui suit :
Qu’il est désirable qu’à l’avenir, M. le Surintendant ne donne pas d’autorisation d’engager des instituteurs non diplômés, à moins que cet engagement soit recommandé par l’évêque diocésain.
En conséquence, vous voudrez bien accompagner d’une recommandation de votre évêque diocésain chaque demande d’autorisation des instituteurs ou institutrices non diplômés que vous m’adresseriez. Votre obéissant serviteur, Gédéon Ouimet, surintendant de l’Instruction publique. »
Voilà pourquoi Mlle Clarinda Bissonnette a eu l’honneur de recevoir une lettre de recommandation de l’évêque du diocèse de Saint-Hyacinthe.
1er rang, Huguette Viens, Lise Viens, Claude Bonvouloir, Marielle Gingras, Gilles Viens. 2e rang, Claude Leclerc, Solange Viens, Normand Leclerc, Victor Bonvouloir, Marcel Viens, Yves Neveu. 3e rang, Albert Bonvouloir, Gaétan Viens, Denis Viens, Évangéline Viens, Rita Viens. 4e rang, Henri-Charles Neveu, Jacqueline Bonvouloir, Isabelle Bonvouloir, Laurence Viens.
Autre découverte dans les archives de 1895, qui est de nature à faire poser la question : « Qu’est-ce que c’est que ça ? » Le 30 janvier 1895, le même surintendant écrit à A. Legault, secrétaire-trésorier de la Commission scolaire de Sainte-Brigide, la lettre suivante :
« En réponse à votre lettre du 21 janvier courant, J’ai l’honneur de vous informer : 1er que l’institutrice dont vous faites mention pourrait donner sa démission sans le consentement de son père si messieurs les commissaires y consentent ; 2e que, dans les circonstances, il vaudrait peut-être mieux fermer l’école où cette institutrice enseigne pour le reste de l’année. J’ai l’honneur d’être Votre obéissant serviteur, Gédéon Ouimet, surintendant. »
Si les commissaires ont suivi la recommandation du surintendant, les écoliers de l’institutrice dont il est question ont eu de longues vacances…
Autre trouvaille dans les archives des commissaires qui donne raison au proverbe : Autre temps, autres mœurs. « J’ai l’honneur, écrit le surintendant de l’Instruction publique, le 30 septembre 1891, de vous informer, en réponse à votre lettre du 17 septembre courant, qu’il n’y a rien dans la loi scolaire qui empêche les commissaires d’écoles d’engager une institutrice mariée tandis que l’article 109 du code de l’Instruction publique leur ordonne de n’engager que des instituteurs ou institutrices munis d’un brevet de capacité. »
Luc Lewis. Sources : archives de la municipalité de Sainte-Brigide. Dossier : Commission scolaire. Août 2018.