Il signait Jos, évêque du diocèse de Saint-Hyacinthe, celui qui avait été baptisé du prénom de Joseph et dont le nom était La Rocque. Il fut évêque de 1860 à 1863. Court règne, pourrait-on dire, mais assez pour que les archives de la paroisse de Sainte-Brigide aient conservé des traces de son passage sur terre.
En effet, au cours de l’année 1863, au début de cette année-là, il fut quelque peu surpris de se faire annoncer par son secrétaire qu’une délégation de citoyens de Sainte-Brigide désiraient lui parler au sujet d’un enterrement. En bon pasteur qu’il était, il se fit un devoir de recevoir toutes ses ouailles, quelles que fussent leurs motivations. Un enterrement pour un évêque est autant un sujet de préoccupation que la construction d’une église ou la diminution de la quête dans les paroisses de son diocèse.
« Les personnes responsables que vous m’avez députées au sujet de l’inhumation de l’infortuné Alexis Beauregard m’ont parlé de la façon à faire sentir que le défunt s’est peut-être confessé. Le fait contraire, du moins, n’est pas constaté en toute certitude ; il n’y a pas, non plus, de publicité ni de scandale. D’après ce qui m’est rapporté, on croit généralement que le défunt n’était pas arrière (sic) dans ses devoirs. [Faut-il entendre qu’il avait payé ses dîmes ?]
Vu donc le manque de certitude complète de la faute, et les circonstances de la conduite du défunt, je penche vers la miséricorde, en vous permettant, pour ces considérations, de lui donner la sépulture ecclésiastique. J’espère que ce ne sera pas un encouragement pour les infractions des lois canoniques.
M., Je suis bien sincèrement votre tout dévoué serviteur. Jos, Évêque de Saint-Hyacinthe.
N. B. Veuillez faire en sorte que M. le gr. Vicaire soit informé des raisons de mon indulgence afin qu’il ne prenne pas ma conduite pour une censure de la sienne. Jos. Év. Saint-Hyacinthe. »
La missive était adressée à M. Germain, curé de Sainte-Brigide. Éphraïm était le prénom de ce curé.
Si, de nos jours, l’Église a adouci ses règles pour recevoir dans ses cimetières les dépouilles des mortels ne procédant plus à des enquêtes pour vérifier s’ils ont fait leurs Pâques ou s’ils ont payé leur dîme, dans les années de la fin du 19e siècle, il n’en était pas ainsi. Le présent texte atteste ce fait, à notre avis, de façon évidente.
Il démontre aussi que les paroissiens attachaient une grande importance à être inhumé dans le cimetière béni de la paroisse, comme le prouve la démarche faite par des résidents de Sainte-Brigide pour l’un des leurs. Faut-il souligner « l’indulgence » de l’Ordinaire du diocèse ? À chacun son opinion !
Luc Lewis. Sources : Procès-verbaux de la paroisse de Sainte-Brigide. Fonds de la fabrique. Photo d’Internet.