Plusieurs résidents de Sainte-Brigide ignorent sans doute qu’il y eut une ferme maraichère dans leur municipalité. Ci-après, la petite histoire de cette entreprise agricole.
Jean Garon, ministre de l’Agriculture de gouvernement Lévesque, avait annoncé, en 1982, un programme intitulé Relance de la culture de la tomate de conserverie. Victor Bonvouloir vit dans ce programme l’occasion de réaliser son rêve de posséder une ferme maraichère; ce fut l’élément déclencheur. De surcroit, la conjoncture était favorable compte tenu des volontés du gouvernement à l’égard des agriculteurs. Plus est, Victor avait été initié à la culture maraichère par son père, Lionel. En effet, ce dernier était diplômé de l’Institut agricole d’Oka et avait eu sa propre ferme de légumes à la mode de son temps. Il vendait les produits de sa ferme à l’usine de conserverie Bedford Fine Food, jusqu’à la fermeture de cette usine. Enfin, Victor avait fait ses études à l’École moyenne d’agriculture de Bringham.
Ce fut dans un tel contexte que Victor Bonvouloir mit sur pied sa propre ferme maraichère, entreprise de grande envergure si on tient compte des installations spécialisées nécessaires (production de glace), des équipements agraires, d’un débouché assuré pour la vente, etc. Ce fut à l’usine de Gérard et Beaudoin de Sainte-Angèle-de-Monnoir que Victor écoulait sa production; celle-ci représentait 50% de l’approvisionnement des légumes traités dans cette usine.
Qui dit ferme maraichère dit grand besoin de main -d’œuvre. Dans un premier temps, la nouvelle entreprise agricole fit appel à la main-d’œuvre disponible au Québec, mais la croissance de l’entreprise obligea Victor à faire appel aux ouvriers étrangers.
Et ce fut ainsi que des Guatémaltèques et des Mexicains, par l’intermédiaire de l’Association des jardiniers maraichers, vinrent sur une terre de Sainte-Brigide faire la culture des piments, des tomates, des brocolis, des oignons espagnols, etc. D’autres nationalités, tels les Laotiens et les Haïtiens, et évidemment les Québécois se joignirent eux.
L’entreprise agricole connut ses beaux jours de 1983 à 1996, année où la complicité de nombreux facteurs obligea Victor à mettre fin à son exploitation agricole : faillite de Steinberg (perte de 200,000 $), grêle de 1985 (perte totale des récoltes), diminution du prix de certains légumes (brocolis), bref, mauvaise conjoncture économique. Même l’usine de Sainte-Angèle-de-Monnoir dut fermer ses portes par manque d’approvisionnement de légumes des fermes sinistrées par la grêle de 1985 et ses conséquences.
Les travailleurs étrangers étaient payés au salaire minimum, une heure de travail ici correspondait dans leur pays au salaire d’une journée de 10 à 12 heures. De plus, ils étaient logés aux frais de l’employeur, 50 % du prix de leur voyage d’avion étaient défrayés, un véhicule était mis à leur disposition.
Victor Bonvouloir et Luc Lewis.
Source : Victor Bonvouloir. Juillet 2020.