Et si on rendait hommage à la mémoire des femmes ? Des femmes « ben ordinaires », des ménagères disait-on, des mères de famille… Marie-Josephte Leduc, mon arrière-grand-mère, est l’une d’elles…
Fille de Cléophas Leduc et de Josephte Tétreault, elle devient orpheline de mère à l’âge de onze ans et assume les tâches ménagères avec sa sœur cadette âgée de neuf ans, en plus de nourrir ses quatre frères aînés… Elle apprend à la dure!
Épouse de Noël Timothé Martel, elle est mère de seize enfants… pas mal comme contribution à la revanche des berceaux, non ? Le gouvernement d’Honoré Mercier reconnaît cet apport par l’ « Acte portant privilège aux pères ou mères de famille ayant douze enfants vivants » donnant droit à cent acres de terre ou à une prime de 50$; Timothé se prévaut de cette loi et obtient la prime en 1904.
Outre ses seize enfants, Marie accueille sa nièce Nalda, fille de son frère Cléophas dont l’épouse est décédée. Elle élève les petites jumelles Desnoyers, filles de Pierre, qu’elle reçoit à la mort de leur mère, vers l’âge de quatre ou cinq jours, en 1902. Elle prodigue ses soins à son père et à son beau-père, hébergés sous son toit en fin de vie. Il faut sustenter tout ce monde… D’immenses chaudrons de soupe mijotent sur le poêle à bois qu’elle alimente de bûches, tout en donnant la tétée au bébé et en mouchant un des jeunes, pendant qu’elle corrige le troisième… Elle doit encore agir comme infirmière et médecin lorsque l’un de ses fils se crève un œil en jouant avec ses frères. Et elle accourt, en tant que sage-femme, au chevet des femmes du rang lors de leurs accouchements…
Colombe Martel, février 2020.
Sources : Chroniques de la famille Martel, Colombe Martel, 2011