Mlle Rita Bonvouloir est la fille d’Émile Bonvouloir et d’Albina Bonneau. Elle a enseigné dans plusieurs écoles de rang de la municipalité. Âgée de 96 ans, elle a accepté de faire part de ses souvenirs à un membre de la Société du patrimoine de Sainte-Brigide.
Mlle Rita Bonvouloir raconte.
« J’ai commencé à enseigner en 1939 jusqu’en 1947 (sur le rang des Écossais, à l’école no 8). Ensuite, on est venu au village, et j’ai enseigné dans la 9e Concession (9e Rang). Ensuite, je suis revenue au rang des Écossais ; j’habitais chez ma sœur Irène pendant un an. Ensuite, j’ai enseigné sur la 104, l’école de la Savane, pendant deux ans. J’ai de bons souvenirs parce que j’ai aimé cela. J’avais de bons élèves. En ce temps-là, il y avait de la discipline à la maison, c’était facile d’en avoir à l’école.
J’avais des élèves de cinq ans à seize ans. Les plus vieux aidaient les plus jeunes ; c’était comme à la maison.
[Les règlements ?] On commençait par la prière. Après, c’était le catéchisme, puis on donnait le cours de français. On commençait à 9 heures ; à 10 heures et demie, il y avait la récréation. Les plus vieux aidaient la maitresse à faire lire, à écrire… Comme j’avais beaucoup de collaboration, ç’allait bien. Il y a déjà eu soixante élèves dans une classe.
En réalité, ça prenait deux ans pour s’adapter ; les deux premières années, ce n’était pas facile avec tant d’élèves que cela. Quand il y avait soixante élèves, le carré de l’école n’était pas plus grand qu’aujourd’hui, seulement, il y avait des bancs tout le tour (de la salle de classe). Et là, il y avait l’ardoise, il n’y avait pas de papier ; ce n’était pas très hygiénique, quand on avait fini, on crachait dessus (pour la nettoyer).
[Chauffage ?] Il y avait un petit poêle, il y avait un jeune qui avait allumé le poêle. La Commission scolaire était assez généreuse, elle payait le bois. J’ai enseigné cinq ans à 300 piastres par année. On n’avait pas d’électricité. Quand venait novembre, décembre, il faisait noir [tôt]. On organisait des activités : divers concours, on faisait de la gymnastique. Il fallait se rendre à 4 heures, il n’était pas question de finir à 3 heures 20.
[Les punitions ?] Moi, je n’ai jamais été favorable à les mettre à genoux. On se met à genoux devant Dieu. C’est ma façon de penser. Il y en a qui les mettaient à genoux. Moi, c’était debout dans le coin.
[Les récompenses ?] Il y avait des étoiles, des petits anges, il y avait des moyens d’émulation pour les encourager; on mettait un beau B, par exemple.
[Devoirs et leçons ?] Bien oui ! Je revenais à la maison avec deux sacs. Je corrigeais tous les soirs, parce que j’habitais chez mes parents. J’étais chanceuse, moi. Je n’ai jamais fait corriger par les élèves, jamais. Quand on échange les cahiers, si on ne l’aime pas, on faisait des fautes.
[La remise des prix ?] Il y avait la remise des prix et les examens avec le curé, les commissaires d’école. Il y avait l’inspecteur qui venait deux fois par année. »
Luc Lewis. Source : photo Fonds Cercle des Fermières. Société du patrimoine de Sainte-Brigide. Juin 2019.