Avant la rénovation de la bibliothèque municipale, celui qui y entrait et qui jetait son regard dans le coin de la pièce, derrière des instruments informatiques, pouvait voir une statue de Notre-Dame-du-Sourire. Cette statue a quitté cet oasis intellectuel pour trouver refuge dans le bureau de la direction, haut lieu de gestion pédagogique.
Rien d’étonnant de trouver une statue de Notre-Dame-du-Sourire dans un établissement scolaire qui porte le nom de Notre-Dame-du-Sourire, si on tient compte de l’évolution de l’histoire. Mais une question intéressante se pose aux esprits curieux : comment se fait-il qu’une telle œuvre d’art se trouve dans une école de Sainte-Brigide? D’abord, quelle est cette statue?
C’est une statue en plâtre de plus ou moins quatre pieds peinte de diverses couleurs. La Vierge est présentée debout sur un globe terrestre où, de son pied nu, elle écrase la tête d’un serpent, sans doute le symbole du Malin. Elle est vêtue d’une longue robe blanche que le temps a jaunie quelque peu. Une cape bleue tombe sur les bras qu’elle tend en avant comme dans un geste d’accueil. Elle porte une ceinture à la taille. Elle a la tête nue et ses cheveux lui tombent sur les épaules. Sur le socle sur lequel repose le globe terrestre est gravé LA VIERGE-DU-SOURIRE en lettres rouges. Sur l’arrière du socle, on peut lire BERNARDI ET NIERI, MONTRÉAL, la maison qui a produit l’œuvre.
La statue a fait son apparition (sans jeu de mots) à l’école au temps où la direction était assurée par les Sœurs de la Présentation de Marie. Elle a été donnée à l’école par le Père Fernand Larochelle. Cet événement a eu lieu à l’époque de l’agrandissement de l’école. Ainsi, les écoliers pouvaient voir, en modèle réduit, la représentation de la sainte patronne de leur école.
Mais vint un temps où les symboles religieux n’étaient pas les bienvenus dans les lieux publics, y compris dans les établissements scolaires; les crucifix furent décrochés des murs des classes. La statue de Notre-Dame-du-Sourire subit le sort de l’exil : elle fut placée dans une résidence pour personnes âgées à Marieville. Toutefois, plusieurs personnes, notamment quelques enseignantes de l’école, firent des pressions pour qu’on rapporte la statue à l’école. Conrad Lassonde et sa fille, Mireille, se chargèrent de récupérer la statue, de la rapporter chez Conrad, qui lui offrit une cure de rajeunissement, car elle avait subi plusieurs altérations.
Notre-Dame-du-Sourire sur un char allégorique
Enfin, ayant retrouvé sa beauté originale, la statue retrouva sa place dans la cafétéria de l’école. Lors du défilé de la Fête nationale de 1996, grâce à l’initiative de Mireille Lassonde, la statue prit l’air sur un char allégorique, entourée d’une dizaine de jeunes. Elle parcourut ainsi les rues de la municipalité avant de revenir veiller sur les écoliers et leurs éducateurs.
Sous le motif de laïcité des établissements d’enseignement, la statue se réfugia dans le bureau de la direction pour enfin être mise dans le coin de la bibliothèque comme si elle était en pénitence…
Luc Lewis. Décembre 2014
La Société du patrimoine remercie Conrad Lassonde et sa fille Mireille pour leur collaboration.