Lorsqu’en 1822 fut ouvert le chemin Maska, apparut la nécessité de doter la région de la Seigneurie (soit le ruisseau Saint-Louis, la montagne, ses terres et la rivière du Sud-Ouest), d’un lieu de rassemblement public et de relais. Entre 1880 et 1882, cette région fut concédée à une colonie d’Irlandais. Dès 1824 donc, une auberge y fut construite. Cette dernière serait tenue par Patrick Murray, irlandais de naissance et catholique de religion. Ainsi fut fondé Murray’s Comer. La famille Murray fut la famille pionnière du ci-nommé Murray’s Corner. Les Murray arrivèrent d’Irlande vers 1812-1815 et s’établirent vers 1820 dans la VIIIe concession sur le chemin de Maska.
Deux d’entre eux se démarquèrent, Daniel, du côté ouest de la rivière (ancienne terre de Roland et Martial Martel) et Patrick, le long du chemin de Maska sur la rivière du Sud-Ouest, (emplacement ayant appartenu à Paul Boulais). En 1822, Patrick et son épouse, Jane Mullins, s’établirent sur le chemin de Maska. Ils eurent deux enfants, Bemard né en 1822 et Mary-Jane née en1824. La terre du capitaine Patick Murray a une superficie de trois arpents par trente arpents, et s’étend le long du chemin de Maska. Patrick Munay était aubergiste, capitaine de milice, écuyer, commissaire des petites causes, il exerça cette dernière fonction à partir de 1824.
L’auberge aurait été construite entre 1824 et l826. Son emplacement était stratégique, elle s’élevait le long du chemin public qui allait de la montagne aux Townships de Farnham. Elle se situait sur le chemin du côté est de la rivière, là où est actuellement le stationnement de l’Hôtel de Ville. De 1824 à 1845, l’ Auberge Murray fut le noyau de Murray’s Corner. Elle fut lieu public, place des ministères, elle tenait lieu même de chapelle en attendant qu’en 1842 se construisit une chapelle dédiée à sainte Brigide. Comme lieu de rassemblement, l’Auberge Murray fut l’endroit des rencontres publiques. En l824, les censitaires décidèrent de construire un pont à proximité de l’auberge. En 1826, ils y furent à nouveau convoqués pour régulariser le cours de la rivière du Sud-Ouest; un contrat devant notaire y fut signé. En août 1838, une autre rencontre importante s’y déroula concernant le pont. C’était dans cette auberge qu’on affichait les avis publics, car l’endroit était très fréquenté. L’un des derniers actes, en 1845, qui y fut signé, touchait l’aménagement des eaux depuis le lac John jusqu’au pont Murray. L’Auberge Murray et Murray’s Comer connurent leur déclin à partir de 1842. Cette année-là, une deuxième auberge se construisit face à celle de Patrick Murray. Celle-là, propriété du marchand Benoit Goyette, dit « pôle du french party », supplanta alors celle de Patrick Murray. Elle devint lieu de rassemblement jusqu’à 1842. La chapelle prendra alors le relais pour les rassemblements des résidents de Sainte-Brigide.
En 1883, l’ancienne auberge était la propriété de William Murray, neveu de Patrick. En 1907, Joseph Delorme, forgeron et maire, en était le propriétaire. Par la suite, elle fut la propriété de Paul Boulais et de son épouse Rose-Anna Delorme. À l’automne 1991, elle fut déplacée pour céder la place au stationnement de la Caisse Populaire et un incendie la détruisit, comme en fait foi la photographie. L’Auberge Murray, tout comme Murray’s Corner, entreront dans l’histoire de la rivière du Sud-Ouest comme éléments de base de l’importante colonie irlandaise en terre paroissiale de Sainte-Brigide. Pierrette Rouleau. Février 2013.
Ces renseignements proviennent en grande partie du travail de recherche de M. Rosaire Benoît dans le cadre des festivités de la Fête nationale 1981.