En ces temps de postmodernité, on est moins surpris d’apprendre qu’un couple divorce qu’il se marie… À moins que ce soit un couple dont les deux partenaires voguent allègrement dans les hautes sphères, celles de la politique pour l’homme, et celles des médias pour la femme, une séparation passe inaperçue. Mais le mariage et le divorce de deux municipalités, au XIXe siècle, après une courte vie en commun, s’inscrivent dans une tranche anecdotique de la petite histoire des villages. Et pourtant, cela s’est passé à Sainte-Brigide.
Le 14 juillet 1845, les citoyens de Sainte-Brigide et ceux de Marieville s’entendent pour former ensemble une municipalité. Celle-ci voit le jour sous l’appellation du « Conseil municipal des Paroisses-Unies de Sainte-Marie et de Sainte-Brigide de Monnoir. »
Le conseil était formé de sept conseillers, cinq pour Sainte-Marie et deux pour Sainte-Brigide. En furent les premiers membres Joseph-Trefflé Franchère, Jean-Baptiste Alix, père, Étienne Poulin, Louis Nadeau et Joseph Ledoux, pour Sainte-Marie, de même que William Creran et Damase Gingras pour Sainte-Brigide. Le notaire François-Henri Gatien agissait comme secrétaire, Joseph-Trefflé Franchère, de Sainte-Marie, fut choisi comme premier maire et William Creran, de Sainte-Brigide, fut nommé maire suppléant.
À la première séance du conseil municipal, le 1er septembre 1845, on décida que l’inspecteur municipal et voyer pour Sainte-Brigide serait Robert Hanna et que les sous-voyers seraient François Lefèvre, John Keef, Jean Demerse (sic) Thimothé (sic) Rainville, Augustin Bazinet et Pierre Bonvouloir dit Deslières. Les percepteurs de taxes seraient Jean-Baptiste Lebeau, Joseph Benoît et Daniel Murray, et les inspecteurs de cours d’eau, Patrick Murray, François Vigeant et Georges Harris.
Le 7 septembre 1846, on assista à l’éclatement de la municipalité des Paroisses-Unies de Sainte-Marie et de Sainte-Brigide de Monnoir pour former deux municipalités distinctes. Il semble que la raison de cette séparation fut la suivante: les élections, se faisant à la majorité des voix, et les gens de Sainte-Marie étant plus nombreux, ils remplacèrent William Creran, conseiller de Sainte-Brigide par Charles Rainville, un citoyen de Sainte-Marie, sans tenir compte de la représentativité des conseillers de Sainte-Brigide.
L’union des deux municipalités aurait duré un an et deux mois, ayant perduré plus longtemps que celle officiée par le maire de la capitale du Québec pour un couple susmentionné… Il semblerait que ce fut un divorce à l’amiable, sans avocat ni médiateur, celui des municipalités de Sainte-Brigide et de Sainte-Marie de Monnoir, aujourd’hui Marieville.
La population brigidienne se réunitfin septembre 1846 et, sous la présidence de James Reid assisté de LouisBourdon, se choisit un conseilmunicipal conforme à ses voeux. CharlesTessier fut élu maire et les conseillers furent François Balthasar, OwenBerry, William Creran, DamaseGingras, Benois(sic) Goyette et Samuel Irwin. Louis Bourdon fut choisi pour secrétaire-trésorier.
Mais la municipalité de Sainte-Brigide disparait de la carte, car le gouvernement du Bas-Canada décida, le 1er septembre 1847,d’abolir les municipalités locales et decréer les municipalités de comté.
Luc Lewis. Source : Claude Neveu. Sainte-Brigide 1846 – 1996. Éditions Louis Bilodeau. Octobre 2016.