Au temps de jadis, quand les hivers étaient froids et les étés chauds, il y avait dans tout village digne de ce nom un magasin général. Sur ce point, Sainte-Brigide ne fit pas exception. Quand vous passez dans la rue Principale, en direction de Farnham, au 605, il y a une belle maison moderne, propriété de Fritz Leutwyler. Il était là le magasin général. Il a cédé sa place sous le pic de démolisseurs à la demeure actuelle. C’était une maison de campagne, de style cottage, ayant pignon sur la rue Principale. Une partie de la demeure était réservée à résidence privée, une autre au magasin. La photo ci-contre illustre cette maison alors qu’elle ne servait plus de magasin, ce dernier ayant fermé ses portes vers les années 1967.
À la belle époque de son existence, le magasin général avait déjà mis en application le principe des magasins à grande surface ; on y vendait de tout ou presque : outils, clous, peinture, pinceaux, marteaux, broches piquantes pour clôture, robes, bottes, tissus, bobines de fil, mélasse, cassonade, sucre, boîtes de conserve, cigarettes, tabac, bonbons, liqueurs douces, etc.
Il y avait même dans ce commerce ce que les gens appelaient – la loi 101 n’existant pas – un « barber shop », terme qu’on pourrait traduire par « un salon de coiffure pour homme »…
Le propriétaire, Paul-Émile Lemaire, avait pris pour épouse Magasin général Paul-Émile Lemaire
Gertrude Bessette. Le couple mit au monde quatre enfants : Jean-Paul, Roméo, Francine et Georges.
En plus de gérer le magasin et d’y servir sa clientèle, de tailler les cheveux des uns et de diffuser les nouvelles du village à tous, Paul-Émile cultivait sa terre comme tout bon propriétaire foncier d’une ferme, il distribuait le courrier par les chemins de la municipalité, – au début, en voiture tirée par un cheval, ensuite en automobile, – il faisait partie de la chorale de l’église. Il va sans dire – mais il vaut la peine de le dire – que son épouse Gertrude ne restait pas dans le salon à Le couple Paul-Émile Lemaire et sa fille Francine regarder les films américains à la télévision… et pour cause… Elle était de toutes les corvées domestiques et commerciales de son époux.
Le magasin avait vraisemblablement ouvert ses portes dans les années 1935 pour les fermer vers 1967, l’état de santé du propriétaire ne lui permettant plus d’entretenir un commerce qui exigeait de longues heures de travail.
Marie-France Lemaire et Luc Lewis.