Pierre Bonvouloir et Clémence Audette ont élevé dix enfants dans cette demeure. Ce ne fut qu’en 1850, qu’ils ont bâti la résidence principale (photo) pour que Timothée, l’aîné, puisse y vivre avec sa nouvelle épouse, Élisabeth Granger, qui se sont mariés le 18 février 1855. Ce couple donna naissance à onze enfants: Médérise, Louis-Cyprien, Tréflé, Alfred, Victorine, J.-Ephrem, Virginie- Rose, Régina, Alexia, Élise-Olida et Edwidge.
La génération suivante a aussi habité cette résidence. Ce furent Alfred Bonvouloir et Albina Bissonnette qui se marièrent le 7 mai 1903. Ils donnèrent naissance à sept enfants : Arsène, Virginie, Thérèse, Lionel, Georges, Fernand et Berthe.
Le 14 mars 1916, Fernand décéda, suivi du décès de sa mère Albina, le 16 mars 1916.
Le 22 avril 1917, ce fut le décès du pilier de la famille, Alfred. Les deux parents et leur garçon sont décédés en l’espace de onze mois. Après le décès d’Alfred, les six orphelins sont pris en charge par l’orphelinat de Marieville. Dans son testament, Alfred loue la terre à M. Deslaurier, soit 120 arpents de terre défrichée. L’argent du loyer sert à défrayer la pension des six orphelins. (Voir la suite dans les prochaines Minutes du patrimoine). Après deux années passées à l’orphelinat, l’aumônier a trouvé une famille d’accueil pour les orphelins; soit la famille Choquette (les deux frères et les deux soeurs Choquette). Tous se réjouirent d’un tel événement, surtout Virginie qui passait une partie de son temps à faire la vaisselle pendant que sa sœur Berthe (très jolie fille avec une belle voix) chantait les louanges du petit Jésus; c’était la préférée des religieuses. Quelle injustice de la part des dirigeants de l’orphelinat! Ce fut pour ces raisons que dans la famille des Bonvouloir, Lionel et Marion, se gardait bien de faire des passe-droits à quiconque d’entre nous. Ce fut Virginie qui a vécu le plus de souffrances de sa vie d’orphelinat.
Finalement, les Choquette se rendirent à l’orphelinat pour adopter les six orphelins Bonvouloir. À leur arrivée, la sœur économe a protesté contre l’adoption puisque ces orphelins étaient les seuls qui payaient une pension avec les revenus de la location de la terre paternelle. «Si vous pensez que vous allez les faire adopter, ce sont les seuls qui paient pension ici !», comme l’a cité Lionel qui gardait de pénibles souvenirs de cet événement.
Ce fut de cette façon que les orphelins ont appris que leur père avait pris des dispositions par testament pour que les orphelins fussent bien traités. Quelle injustice ! Virginie ne s’en est jamais remise. «Où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie, même chez les bonnes sœurs !», comme disait encore Lionel. Les orphelins sont restés à l’orphelinat jusqu’à l’âge de quatorze ans. Par la suite, Ils ont été pris en charge par leur parrain et marraine respectifs. Mis à part ce fâcheux incident de l’adoption, Lionel Bonvouloir a toujours été reconnaissant à l’égard des bonnes sœurs, comme il se plaisait souvent à le dire. En 1930, seuls Lionel, Georges et Virginie étaient encore vivants. Ce donc Lionel qui a pris possession de la maison familiale.
Aujourd’hui, c’est Claude et Jacqueline Bonvouloir (deux des enfants de Lionel) qui habitent la maison ancestrale. Lionel est décédé dans sa demeure en 2007 à l’âge de 98 ans.
Victor Bonvouloir. Février 2015.