Dès mon jeune âge, je trouvais étrange que des Bonvouloir provenaient des États-Unis pour visiter mon Père Lionel et ma mère Marion Thompson. Celle-ci leur faisait faire la visite de la résidence, spécialement la cuisine d’été et la remise à bois. Les visiteurs prenaient des photos et examinaient les lieux. À cette époque, je ne comprenais pas cet engouement pour une vieille remise à bois qui n’avait pas bonne mine. J’avais entre quatre et huit ans à ce moment. Quelques années plus tard, j’ai appris que cette remise à bois (16 x 20 pi) était la première résidence de Pierre Bonvouloir et Clémence Audette.
En effet, Pierre Bonvouloir et Clémence Audette ont habité cette maison de 1823 à 1828.
Ensuite, ils sont demeurés dans la deuxième résidence de 1828 à 1855. Finalement, ils ont déménagé dans la dernière partie qui a été ajoutée en 1855, lorsque leur fils Timothé s’est marié. Par la suite, mes parents ont pris possession de la ferme, la remise à bois y étant encore.
Ceux qui ont connu Marion savent qu’elle était très fière d’elle. Elle fut bien déçue quand elle reçut une photo de cette remise et de voir que le photographe ne l’avait pas modifiée comme elle lui avait demandé, c’est-à-dire couverte de peinture blanche. Lorsqu’elle avait reçu la photo, elle avait pris un couteau pour essayer de faire disparaître ce bâtiment mais sans succès.
Le plancher de leur résidence était en terre battue. En hiver, ils alignaient sur le sol des branches de sapin avec de la paille de lin pour ne pas se geler les pieds. C’était la façon de faire en 1823 en attendant de pouvoir se construire une maison plus confortable. Par la suite, ils ont construit la résidence d’été pour la naissance de leur premier enfant Timothé en 1829. On peut voir sur la photo la deuxième résidence avec un appentis sur le côté droit (probablement pour garder le cheval).
La maison avait 20 x 30 pi avec un grenier servant de chambre à coucher d’un côté de la même dimension que la cuisine. À droite, une remise en bas de 16 x 30 pi, et un grenier au-dessus servant à entreposer les grains de la ferme.
Si vous regardez sur la photo à droite du pont du ruisseau des Écossais, c’était une place idéale pour la pèche puisqu’il y avait des poutres qui retenait le courant de l’eau. Dans ce ruisseau, il y avait une dizaine de poteaux qui avaient servi de piliers pour un barrage servant à alimenter un ancien moulin à scie construit par Pierre Bonvouloir dans les années 1820. Ce n’est que plus tard que j’ai découvert la fonction de ces installations qui avaient servi à alimenter le moulin à scie de Pierre Bonvouloir au début de la colonie. Le moulin équarrissait les billots pour pouvoir les transporter à Saint-Lambert près du pont Jacques-Cartier. Le trajet des poutres de Sainte-Brigide à Saint-Lambert prenait vingt heures puisqu’elles étaient transportées par « sleigh » tirée par des chevaux. Le conducteur partait à quatre heures le matin pour revenir à onze heures ou minuit le soir. L’été, le bois prenait la destination du Rang de Haut-de-la-Rivière-Nord, tout près de la meunerie Benjamin. Aujourd’hui, on y trouve des chalets sur l’ancien quai. De là, les poutres étaient mises sur des radeaux à destination de Saint-Hyacinthe. Ensuite, elles étaient chargées sur les trains à destination de Montréal ou de Québec. Finalement, elles prenaient le bateau pour l’Europe.
Victor Bonvouloir. Janvier 2015.