Tout au long de notre vie, on nous raconte des faits, des événements qui ont eu le grand-père pour témoin, des histoires survenues à une grand-tante, des aventures ayant un ancêtre comme héros… Maintenant, nous nous remémorons ces histoires de famille en nous disant qu’il faut en prendre et en laisser, que la famille a brodé toute une histoire sur un fait divers survenu à un grand-oncle du grand-père. Pourquoi ne partirions-nous pas à la recherche de nos ancêtres? Si vous saviez la quantité de personnes qui se sont prises au jeu et qui ont développé une passion pour la recherche de l’histoire de leur famille… Pourquoi pas vous?
Qui était mes ancêtres? D’où venaient-ils? Qu’ont-ils fait? Qu’est-ce que signifie mon nom de famille? A-t-il été toujours le même au cours des ans? Je puis vous assurer que vous trouverez des choses passionnantes sur votre famille. À titre d’exemple, pouvez-vous dire ce qu’ont en commun les noms de famille : Asselin, Beaudry, Benjamin, Gauthier, Gervais, Giroux, Landry et Thibault? Ce sont tous des prénoms masculins qui, jadis, furent très à la mode au Moyen Âge.
Quand on fait sa généalogie, on débute avec soi-même et on remonte dans le temps. Nos parents, nos grands-parents, nos arrière-grands-parents, etc. Il ne faut jamais partir d’un nom du début de la colonie qu’on aurait lu dans un livre d’histoire ou dans un roman; on a toutes les chances de faire fausse route. En effet, les noms évoluent au cours des années par l’ajout d’un surnom ou d’un « dit » qui souvent remplace le vrai nom, ainsi Mathieu Rouillard, quand il s’installa à Batiscan, construisit sa maison dans une nouvelle prairie, et, au fil des ans, les Rouillard du pré nouveau devinrent des Prénoveau, puis pour certains des Pronovost.
L’orthographe d’un nom se modifie, parfois par ignorance, parfois par caprice ou pour suivre une mode ou pour des raisons secrètes qu’il est passionnant de découvrir; un bon exemple : beaucoup de familles de la région se nomment « McLean » ; ceux-ci n’ont pas une goutte de sang anglais, écossais ou irlandais, et ils ont la surprise de constater que leur ancêtre venait de la province de Bretagne, en France, et que leur nom de famille était « Maqueline ». Après plusieurs générations durant lesquelles on ne savait ni lire ni écrire, on est revenu à l’école, sous le régime anglais, et on écrit le nom comme on le prononçait : «Macline ou McLean. »
Il est aussi des noms de famille qui ont pu être légués par plusieurs personnes qui n’avaient aucun lien de parenté entre eux. C’est le cas de mon nom : « Neveu ». Neuf hommes ont fait souche en Nouvelle-France qui portaient ce nom de famille et qui venaient… de neuf provinces différentes de France; le mien venait de la province du Maine, un autre de Normandie, un autre du Poitou, un d’Anjou, un de Paris, etc. Ce n’est pas parce qu’on porte le même nom qu’on est nécessairement parents. Quand on décide de faire sa généalogie, il est important de ne se fier avec certitude qu’à des documents officiels : registres de naissance, de baptême, de mariage, de décès, de sépulture (qui vous donnent habituellement les noms des parents), contrats notariés, jugements de cour, contrats de mariage, etc.
La mémoire des gens est une chose dont il est prudent de se méfier. En vieillissant, on peut oublier ou confondre des personnes ayant des noms ou des prénoms semblables; qu’on pense au fils qui porte le même prénom que son père et que son grand-père. Il est un autre phénomène auquel nous sommes souvent confrontés : plus on s’éloigne dans le temps, plus les gens ont tendance à embellir un fait ou un personnage; c’est ainsi que naissent les légendes. C’est beau, c’est touchant ou amusant, mais rarement vrai. Ce n’est pas parce que tante Adélaïde qui l’a su de tante Clara et l’a dit un jour à ma grand-mère que c’est nécessairement vrai.
N’oubliez pas que vous descendez autant d’un ancêtre dont vous ne portez pas le nom de famille, car vous êtes son descendant par les femmes, que de celui qui vous a légué son patronyme. Si vous décidez de vous lancer dans cette merveilleuse aventure, il serait peut-être bon de vous inscrire à une des sociétés d’histoire de votre région, elles ont habituellement une impressionnante quantité de registres paroissiaux et autres documents mis à votre disposition.
Bonnes recherches, amusez-vous bien et tenez-nous au courant de vos trouvailles ou de vos obstacles : « partager ses découvertes fait partie du plaisir de chercher »… Et quel beau cadeau à faire à ses enfants que de leur faire connaître d’où ils viennent!
Claude Neveu