Il y avait à Sainte-Brigide, il n’y a pas si longtemps, un terrain de camping au bout de la rue Bonvouloir. Ceci n’est pas, pour la majorité des résidents de Sainte-Brigide, une révélation digne d’une grande notoriété. Mais qui connaît l’histoire de cet établissement?
Quand l’Autoroute 10 a traversé Sainte-Brigide et a reconfiguré le coin que les anciens appelaient Honoréville, en l’honneur d’un certain Honoré Neveu qui avait joué un rôle important dans le développement de cette partie de la municipalité, plusieurs cultivateurs ont vu leurs terres ou une partie d’entre elles expropriées par les autorités qu’on dit compétentes en la matière. Ce fut le cas pour Paul-Émile Martel. Ce dernier était le 9e enfant d’Henri et d’Arzélie Deslauriers. Il avait épousé Cécile Tétreault. En 1948, il acheté de son père Paul-Émile Martel
le lot 245. Il a cultivé sa terre un certain temps avant de devenir entrepreneur en construction.
En 1963, débutent les travaux de l’Autoroute 10 qui sectionnera sa terre. Il en utilise une partie pour accommoder les travailleurs qui logent dans des roulottes. C’est ce qui l’inspire à rentabiliser le reste de sa terre en le transformant en camping. En 1966, Paul-Émile débute les travaux d’aménagement; il propose à son frère Hervé d’y opérer une cantine assortie d’un dépanneur. La bénédiction du site a lieu en 1967. «Le Gîte du campeur» vient de naître.
Le visiteur ou le futur campeur qui se présente par la rue Bonvouloir, qui conduit au camping, est impressionné par le bâtiment qui l’attend : une construction avec étage qui pointe son toit rouge vers le ciel, avec un mât où flottait probablement un drapeau, le tout prolongé de chaque côté par un toit soutenu par des colonnes destiné à protéger des intempéries les campeurs qui entrent d’un côté et ceux qui sortent de l’autre. Une fois l’étape d’enregistrement franchie, les campeurs voient un vaste champ délimité d’arbres qui longent la rivière Sud-ouest.
En plus d’une cantine et d’un petit dépanneur qui offrent aux visiteurs toutes les choses qu’ils ont oublié d’apporter ou omis de le faire volontairement parce qu’ils ont décidé de s’en procurer sur place, on y trouve plusieurs aires de divertissements: piscine, terrains de jeux, carré de sable pour les enfants, piste de danse extérieure attenante à la cantine animée par un juke-box, etc. Les campeurs peuvent même faire une balade en chaloupe sur les eaux de la rivière. Comme il se doit, de nombreuses tables de pique-nique sont à la disposition des gens.
Homme de cœur, de famille et d’entreprise, déterminé, d’un positivisme et d’une joie de vivre légendaire, Paul-Émile Martel sait départager travail et loisirs, et finir sa journée pour être tout entier avec ses enfants.
Avec l’aide de son épouse Cécile Tétreault et de ses enfants, il gère cette entreprise jusqu’au 11 juillet 1973, date à laquelle il la vend à Serge Chouinard et à André Houle. Le terrain sert, au cours d’un bref laps de temps, de terrain pour un marché aux puces. Maintenant, il est la propriété d’une compagnie à raison sociale de 2157-0639 Québec inc. Une rumeur qui semble avoir de sérieux fondements veut que les propriétaires construisent une station d’essence et quelques restaurants de repas rapides.
Luc Lewis et Colombe Martel. Photos du Fonds de la Société du patrimoine de Sainte-Brigide.Avril 2014.