En cette soirée du 9 septembre 1958, la salle publique était comble comme jamais dans le passé, elle l’avait été. Devant l’auditoire, une grande table, sur laquelle on avait étendu une nappe et déposé quelques verres et pots d’eau, attendait les membres de la Commission scolaire de Sainte-Brigide. À l’heure convenue entrèrent M. Polydore Delorme, président, M. Jean-Paul Lasnier, M. Louis-Henri Tétreault, M. René Deserres et M. Jos Brisson, tous conseillers. Une fois le silence obtenu et les salutations d’usage prononcées, M. Polydore Delorme abordait l’objet de la rencontre et annonçait la construction d’une école de sept classes, la confirmation d’un octroi gouvermental de 80% du coût de la construction, le mode d’administration de l’institution, le transport des écoliers et la venue de L’école Notre-Dame-du-Sourire du temps des Soeurs, quatre religieuses de la congrégation des Sœurs de la Présentation de Marie qui allaient prendre charge de l’école.
Puis l’assistance fut invitée à entériner les propositions des commissaires. La démarche de ces derniers était des plus osées. En effet, six mois auparavant, les résidents de la municipalité avaient rejeté cette idée d’une école centrale. Comme il fallait s’y attendre suivit un débat viril où les idées, les suggestions, les commentaires ne manquèrent pas. La persévérance et le talent de persuasion des commissaires amenèrent la majorité à accepter une innovation pour une municipalité rurale, à savoir une école centrale.
Cette décision avait pour conséquence la fermeture des écoles dites de rang. À ce moment, il y avait dix arrondissements, c’était ainsi qu’on nommait les découpages du territoire municipal aux fins de répartition des élèves dans les écoles : deux dans le rang des Écossais, deux sur la Route 104, une au village, une dans le rang de la Rivière est, une dans le rang de la Rivière ouest, une dans 9e Rang et une dernière dans le 8e Rang.
Les commissaires ont relevé le défi, car, ce soir-là, quatre résolutions furent votées :
1) L’acceptation sans condition de l’établissement de l’École centrale.
2) L’acceptation du principe de la mise en commun de tous les arrondissements de la Commission scolaire.
3) Le choix de quatre premiers arrondissements pour un essai de l’École centrale.
4) La promesse des autres arrondissements « non privilégiés » de la construction d’une autre école.
Le 15 août 1959, les religieuses de la Congrégation de la Présentation de Marie prirent officiellement charge de l’enseignement à l’école centrale des filles, qui prenait le nom d’École de Notre-Dame-du-Sourire, tandis que l’école centrale des garçons, qui sera nommée École Dominique-Savio, ouvrit ses portes, sous la direction de Mme Édouard Brisson (Cécile Brisson de son nom de jeune fille).
Ce fut ainsi que la Commission scolaire de Sainte-Brigide a procédé à une centralisation des écoles avant la réforme scolaire qui a suivi la mise en application des recommandations du Rapport Parent.
Luc Lewis. Source : La Voix de l’Est. Photo, le Fonds de la Société du patrimoine de Sainte-Brigide. Juin 2013.