Première partie.
Le 21 juillet 1874, Azilda Nadeau, du rang des Écossais à Sainte-Brigide, épouse Honoré Neveu, né le 11 mars 1851 à Saint-Mathias. Fils de Marcel et de Julie Varieur, d’Adamsville, Honoré avait été accueilli par sa tante, Marie, épouse de Magloire Brodeur, au rang Chaffers de Saine-Brigide et avait étudié aux Etats-Unis pour être voiturier. L’après-midi du 9 mars 1874, avant son mariage, Honoré, forgeron, acquiert de l’hôtelier Charles Lemaire le lot 241.
La tradition orale veut que le couple s’établisse sur le lot 243, dans la maison qui deviendra le garage de M. Gervais et la boutique de forge, déménagée en face de l’étable lorsque la nouvelle grange est construite vers 1938-1939. On le sait, Honoré avait reçu de ses parents adoptifs le lot 243 le 15 novembre 1873 et le lot 235 le 21 septembre 1878. Peut-être a-t-il vécu au lot 243 avant son mariage. Sur le lot 241, Honoré ouvre un magasin général et un bureau de poste dans une partie de la cuisine de la maison dotée à l’arrière d’une cuisine d’été supportant un entrepôt à l’étage (photo ci-haut). Il paraît que cette demeure avait appartenu à un contrebandier de « baboche » (alcool frelaté) qui se camouflait dans un pin creux lorsque la Gendarmerie venait inspecter les lieux. Au recensement 1881, Honoré, âgé de 30 ans, est commerçant à Sainte-Brigide et vit avec son épouse Azilda, 24 ans, ainsi que trois enfants: Cérilda, 5 ans, Arthur, 3 ans, et Wilfrid, 1 an. Le 10 décembre 1881, par-devant le notaire Joseph-Élie Gaboury, il acquiert de Lucie Perron, veuve de Charles Grignon, représentée par Isaïe Ostiguy, alors cultivateur de Sainte-Marie-de-Monnoir, le lot 236 de 4 arpents de largeur sur 11 arpents de longueur, avec toutes les bâtisses y érigées, censé contenir 48 arpents et 72 perches en superficie. Il paie $1200.00 comptant. En 1883, titulaire d’une propriété évaluée à $1000.00 et d’une autre à $700, Honoré paie des taxes de $2.50 et de $1.75.
Timothé Benoît, propriétaire de l’Auberge du Coin, se voyant dans l’impossibilité d’acquitter ses dettes envers Peter et Bernard Comerford, son immeuble est saisi le 18 décembre 1885 par le shérif Charles Nolin qui vend au plus haut enchérisseur le lot 244 d’une superficie de 57 perches et 152 pieds, avec maison, grange et autres bâtisses, sis à Sainte-Brigide. Le 4 mars 1886, Honoré en devient l’adjudicataire pour la somme de $310.00 payée sur-le-champ. Il le revend le 22 février 1900 au prix de $275.00 à Isaïe Ostiguy, qui le léguera à son fils Henri lors de son mariage avec Victoria Tétreault. C’est ce dernier qui le vendra à Fortunat Martel.
Le 30 mai 1892, à la faveur d’une vente par le shérif Charles Nolin concernant le lot 234 appartenant à Ernest Senecal, Honoré, dit cultivateur, offre $1500.00 comptant pour la terre « avec une maison, une grange et autres bâtisses dessus construites ». Non seulement, Honoré paie-t-il tous ses lots comptant, mais il prête de l’argent à tout Honoréville, y compris à Timothé Martel.
En 1891, il fait une lutte acharnée à Pierre Ménard pour obtenir la mairie de Sainte-Brigide. Éloquent, le verbe haut, sachant parler anglais, avec une mémoire à toute épreuve, il est élu de mars 1891 à février 1892. Les partisans de Ménard sont concentrés au rang des Irlandais et au 9e Rang; cette section prend le nom de Ménardville. Ceux d’Honoré Neveu couvrent le nord du rang des Écossais, le rang Chaffers, le rang Viens (Pipeline) et l’extrémité des deux rangs de la Rivière; ce secteur est appelé Honoréville.
Colombe Martel. Août 2014. À suivre.