Les Québécois vont aux urnes au fédéral, au provincial, au municipal. S’ils font partie d’un organisme, ils élisent leur conseil d’administration, et les fidèles de la paroisse élisent leurs marguilliers.
Une élection est synonyme de campagne électorale. Et une campagne électorale rime avec visites à domicile, poignées de mains, tracts et pancartes pendues aux poteaux. Sans oublier les promesses. C’est la démocratie qui le veut, dirait un sociologue du haut de son savoir.
Au temps de nos grands-parents, la démocratie visait l’essentiel, élire des représentants aux divers niveaux d’autorité dans le plus simple appareil. Nous n’en voulons pour preuve que le rapport du président des élections de la municipalité de Sainte-Brigide écrit dans le procès-verbal municipal de janvier 1898.
« Et une heure s’étant écoulée depuis l’ouverture de ladite assemblée et se trouvant deux candidats pour remplacer M. Alix Leduc, fils d’Ignace, et trois candidats pour remplacer M. Edmond B. Lamarche, et aucune autre demande de la part de cinq électeurs présents à l’effet de procéder à la votation n’étant pas faite suivant les dispositions de l’article 312 du Code municipal de la Province de Québec, j’ai fait la division des électeurs présents favorables à chaque candidat; j’ai constaté qu’ils étaient quarante-neuf électeurs pour ledit Charles Bouthillier et trente-deux électeurs pour ledit Alexandre Barabé, et j’ai proclamé ledit Charles Bouthillier élu de cette municipalité en remplacement du dit Alix Leduc, fils d’Ignace, par une majorité de dix-sept voix; et j’ai constaté qu’ils étaient quarante-huit électeurs pour M. Eusèbe Goineau, trente-deux électeurs pour ledit Edmond Poulin et trois électeurs pour ledit Sinaï Benjamin, et j’ai alors proclamé ledit Eusèbe Goineau élu conseiller de cette municipalité en remplacement dudit Edmond B. Lamarche par une majorité de seize voix. » Janvier 1898. Et c’en est fait du conseil municipal, les sept conseillers sont élus. Et le maire, lui?
Le Code municipal de la Province de Québec statuait que « le conseil local (conseil municipal) se compose de sept conseillers élus par les électeurs de la municipalité ». Et que « la charge de conseillers locaux dure trois ans ».
Il précisait : « À la première session qui suit toute élection générale municipale (…) les membres présents, s’ils forment le quorum, nomment maire de la corporation l’un des conseillers qui a les qualités requises pour cette charge. » « Quiconque est nommé maire et refuse illégalement d’accepter ou de continuer à exercer cette charge encourt une amende de trente piastres », prévient ce Code. Et c’en est fait du maire !
Luc Lewis, Sources : Procès-verbaux de la municipalité de Sainte-Brigide et Code municipal de la Province de Québec. 1881. Novembre 2017.