- Jean-Paul, Christiane et Louise Pratte
Ce texte raconte la visite de Jean-Paul Pratte, fils d’Anatole, à la propriété du 144, rang Double. M. Pratte venait, durant toute son enfance, passer ses vacances sur la ferme de son grand-père, Origène. Cette visite avait été possible grâce à la complicité de ses deux filles, Christiane et Louise, et de Luc Lewis de la Société du patrimoine de Sainte-Brigide, et du propriétaire de la demeure, Kim Faucher, et de sa conjointe.
Revenu, à l’âge de 88 ans, sur les lieux où il a vécu au rythme de la vie rurale et visitant la maison aux mille souvenirs, Jean-Paul raconte.
« De ce temps, il n’y avait pas d’électricité, on s’éclairait au fanal. Les campagnes n’étaient pas encore électrifiées. Il n’y avait pas de salle de bain. Les gens faisaient leurs besoins dans des pots de chambre et allaient les vider dans la bécosse qui était située derrière le bâtiment.
Dans la cuisine, il y avait une boite à bois (pour chauffer le poêle à bois), puis, près du coin, un lavabo avec une pompe à main pour puiser l’eau courante.
Il y avait la cuisinière au bois où ma grand-mère cuisinait de bons repas en hiver. En été, elle cuisinait dans la cuisine d’été située dans le bâtiment arrière et qui est toujours debout, afin de ne pas surchauffer la maison. »
Pour Jean-Paul, cette maison lui rappelle de doux et heureux souvenirs, de belles réceptions en été quand ses grands-parents recevaient de la grande visite des États, et en hiver quand ils recevaient la grande famille pour Noël et pour le Jour de l’an.
Jean-Paul se rappelle qu’un Jour de l’an, une tempête de neige s’abattait sur Sainte-Brigide. Presque toute la famille s’était désistée pour aller à la messe, car les routes étaient impraticables pour les automobiles. Voyant la déception de son fils, son père Anatole ne se trouva pas pris au dépourvu. Il décida de sortir la berline et d’atteler son cheval, Prince, et les deux sont partis pour le village à une distance de deux kilomètres, bien emmitouflés dans une vieille peau de buffle qui perdait son poil. Arrivé au village, son père plaça le cheval sous l’abri aménagé à cette fin près de l’église (les remises) en prenant soin de couvrir Prince d’une couverture pour chevaux.
Jean-Paul se souvient être allé porter seul les bidons de lait avec une charrette à quatre roues tirée par le cheval Prince. Il avait commencé à faire le trajet avec son grand-père et, très jeune, vers l’âge de 11 ou 12 ans, son grand-père le laissait aller seul. Jean-Paul relate que, comme tous les enfants des cultivateurs, il aidait à traire les vaches soir et matin, à conduire un « voyage » de foin du haut d’une échelette, à passer le râteau à cheval dans le champ de foin pour faire les ondins, à guider le cheval qui passait la sarcleuse entre les rangs de maïs, et que d’autres choses! Il y avait sur cette ferme, près du rang Double, une croix de chemin en bois. Jean-Paul se souvient de l’avoir peinte en blanc et les extrémités en forme de trèfle peintes en vert.
Luc Lewis. Source : texte inédit de Christiane Pratte. Février 2019